Voilà maintenant une quinzaine d’années que j’ai ouvert un débat intéressant face à une hiérarchie interarmes pleine de savoir et de certitudes…
Ce débat concernait les opérations de fin de tir sur le Famas mais peut aussi se transposer à d’autres types de fusils d’assaut, à d’autres armes et aussi à d’autres disciplines.
Les opérations du fusil devaient s’effectuer de la manière suivante (c.f. TTA 207) :
- Retirer le chargeur
- Armer le fusil et vérifier la chambre à cartouche
- Maintenir la culasse en position arrière
- Mettre la sûreté en mode rafale
- Presser la détente tout en maintenant la culasse en position arrière
- Relâcher la détente…
Alors que j’interrogeais les officiers de projet de l’ISTC dans les armées sur le bien-fondé de cette pratique, tous me répondirent que cette manœuvre permettait d’accompagner le marteau lors du mouvement avant, en économisant le percuteur, donc sans « percussion à sec ». On pouvait se contenter de cette explication, mais quid de la sécurité à la fermeture ? Besoin d’un petit rappel ? La sécurité à la fermeture empêche toute percussion de la cartouche alors que la culasse n’obture pas complètement la chambre de l’arme. Si ce n’est pas le cas, il se produit un slam-fire (1), c’est à dire une explosion hors chambre avec parfois des conséquences désastreuses pour le tireur comme pour ses voisins. Est-il nécessaire de préciser qu’une cartouche est une mini grenade « à effet dirigé » ?
Ainsi, les opérations de sécurité de l’époque ne prenaient pas en compte, par méconnaissance des armes, le facteur humain (2) : qu’en était-il du soldat fatigué, stressé, affamé, etc. ? Oui, il lui arrivait d’oublier d’ôter le chargeur, de nuit, notamment en OPEX lors des opérations de sécurité. Pour autant, était-il punissable ? Le comble est que les malheureux soldats ne tenaient le fusil que d’une seule main, ce qui avait pour effet de leurs faire presser encore plus fort la détente pour éviter que l’arme ne parte dans toutes les directions ! Il a fallu une démonstration à balles réelles, sur un champ de tir, pour être entendu…
Quant à l'usure du percuteur lors d'un coup à sec, je ne suis pas convaincu ! Voir le module de Young...
A mon sens, lorsqu’une procédure ne garantit pas la sécurité, la responsabilité (au moins morale) des rédacteurs doit être engagée.
1 / C’est également ce qui s’est produit sur un lot de munitions de 5.56mm, ce qui a occasionné de nombreuses blessures (plus de 50) sur des tireurs qui perdaient la confiance en leur arme.
2 / Voir l’article d’Albert sur ce site.